Phase maniaque
Grande fatigue toute la journée , incapable de manger + règles .
Stress et panique , sensation de menace et aucun refuge.
Lui étant a l'appartement, même en étant dans une pièce différente je suis incapable d'ignorer sa présence et de me concentrer sur quoi que ce soit.
Je suis sortie en me forçant pour acheter du shampoing question de faire quelque chose qui ne demande pas de concentration. Je suis rentrée très vite car tous les bruits m'agressaient , les gens me frôlant dans la rue me tétanisaient , me déclenchaient mes spasmes les voix, les voitures , les odeurs mes sens trop aiguisés me rendaient le monde extrêmement menaçant .
En rentrant je me suis écroulée par terre, je pleurais, je pleurais de fatigue , ce n'était même pas une crise d'angoisse , juste des pleurs d'épuisement qui ne s'arrêtaient pas et mon esprit qui se révoltait . Ça me paraissait intolérable de rester là a gémir par terre sans avoir la sensation de vraiment évacuer quoi que ce soit , minable honteux et misérable , il fallait que je fasse quelque chose a tout prix, le sentiment d'urgence m'a envahi.
J'ai demandé a F de sortir , de faire quelque chose vite, il fallait aller vite je me souviens, me distraire a tout prix de cette douleur . Il fallait monter les marches pour aller jusqu'au Sacré Cœur , je les ai montées une par une compte en les comptant a voix haute de façon rythmée et rapide je ne m'arrêtais pas , je ne ralentissais pas . Je sentais mes poumons qui me brûlaient mais c'était comme s'ils n'étaient plus a moi.
" 170 MARCHES" j'ai crié a F arrivée en haut, et puis j'ai continué je ne l'ai pas attendu, il était au tel je crois, je voyais que ça lui était égal . Toutes ces choses qui me paraissent si extraordinaires et vous laissent indifférents... Il ne voyait pas et ne cherchait pas a voir que je n'étais pas normale.
J'ai tourné a droite plutôt que de continuer tout droit, j'ai tourné dans la rue aux lumières éblouissantes , sensation étrange. Un mec m'a dit qu'il adorait comment je marchais, je me demandais comment je marchais, je sentais tous mes muscles se contracter , se rétracter, mes hanches, mes os, mes nerfs en fonctionnement, la chaleur qu'ils dégageaient, s'accordant mécaniquement et harmonieusement. J'ai pris une autre rue moins éclairée.
Il y avait de jolies pierres , des arbres qui couvraient la rue , je sentais l'odeur differente de chaque espece d'arbre ou de buisson, l'odeur de la terre, des feuilles mortes en décomposition , de la mousse humide sur la pierre, je touchais le mur, la pierre, l'écorce , la terre, le métal des poteaux le long du trottoir, le béton de la rue , les odeurs de cuisine des restaurants , les lumières qui dansaient doucement en virevoltant . J'étais shootée par mes sens , j'observais tout si doucement a cause de la fatigue.
Puis j'ai tourné a gauche, une sorte de faux Montmartre reconstitué pour les touristes mais je m'y croyais. Une musique de manège persistante et tournoyante , les lumières dorées, les enfants qui rient et courent partout , des amoureux main dans la main, un pianiste qui joue devant une porte grande ouverte sur la rue, des décorations de Noël, et toutes ces couleurs et toutes ces lumières qui dansaient et cette musique de manège dont l'intensité ne changeait pas quand je me deplaçais .
J'étais perdue. C'était trop je phasais totalement , il fallait que je retourne a quelque chose de plus réel. J'ai pris la rue a droite qui était plus sombre au bout, dans l'obscurité F m'attendait. Je n'arrivais pas a reprendre mes esprits , il me posait des questions que je ne comprenais que vaguement sans être capable d'y répondre . Tout était confus, il fallait aller a droite ou a gauche? Et en face de moi sur le mur quelqu'un avait tagué : " L'amour est mort"
J'ai ris , il n'a pas compris.