Moi qui acclame la fusion des âmes, la disparition du corps et l'exaltation de l'esprit, la magie de l'instant, la puissance et le grandiose, l'évaporation de l'être, la chimie en quelque sorte, évaporer une substance, un liquide pour en récolter l'essence, la MDMA fut la plus déconcertante des expériences.
Je fus l'oeuvre d'une transformation pleine.
Je ne sais pas s'il s'agit d'une apogée, mais cela fût la montée la plus haute que je n'eu connus en disparaissant. Mon corps humain absent , mon esprit exalté, touché par la grâce. Je ne crois pas en dieu, mais je crois en la magie des choses, en l'orgasme de l'être en son essence.
Ce que je dis donc ressemble ,plus j'y pense, à s'y méprendre, aux miracles de Jeanne d'arc, de sainte Bernadette ou de sainte Thérèse, sortes d'orgasmes divins ou d'apparitions divines, je ne vis pourtant rien ni personne apparaître à mes yeux d'inexistants, tout ce que je vis, tout ce que je dis,tout ce que j'entendis et tout ce que je ressentis alors ne furent pas le produit de mon imagination, mais bien la réalité dans toute sa beauté, mes yeux se sont alors fermés complètement pour la première fois sur ce qu'elle pouvait avoir de laid, il ne s'agissait plus d'une fuite , je ne voyais et ne ressentais plus que ça, la beauté des choses. Pour la première fois alors je me vois écrire sur le bonheur. Moi qui pensais ne pas en être capable il s'avère qu'en fait je ne sache écrire que sur ce qui est puissant, ce qui me dépasse, ce qui me scinde et me complète a la fois.
Je me déstructure pour mieux me reconstruire, je me démoralise pour me remoraliser, me déséduque pour me rééduquer, me déshabille des préjuges, des influences , du regard des autres, des notions de bien, de mal,de chaque leçon et de tout jugements ,pour créer les miens propres et de ne devenir que moi a part entière, je vis qui je suis et ce qui me constitue en son intégrité. je ressentis la puissance de mon état pur, je me sentis légère et forte a la fois, la tombée de grâce, je découvris ma capacité à voir en chaque chose de la beauté , de la force, de l'espoir, de la possibilité. Je vis que tout était possible à condition qu'on y croit et qu'on se batte pour.
Cet état me hante, je ne l'ai pas vraiment quitté parce que j'ai réalisé que j'en étais capable par moi même, j'ai compris, quelque chose, j'ai appris, quelque chose de bon.
Je connaissais deja cette capacité que j’appelais fuir la réalité , je l'utilisais alors pour d'autres raisons ne réalisant pas le pouvoir que j'avais entre les mains, je n'utilisais alors qu'une option de ce pouvoir, que j'utilisais pour fuir la réalité , comme un soulagement, alors que ce pouvoir sert également a sublimer les choses, a les pousser au delà de la raison, a donner force et courage, et élever son esprit et son espoir, cette force existe et exulte tous mes sens, me pousse vers le haut, c'est une source inépuisable, qui ne fatigue pas, qui fusionne avec toute chose et tout être.
Ainsi je me sentis libre. Libre de tout poids, sereine au possible,exaltée, ni repus , ni affamée, reposée , vivante et en paix de réaliser que ce bonheur intense ne tenait qu'a moi et cette capacité que j'avais en moi, de sublimer les choses et de leur accorder la beauté que je leur avais trop souvent refusé de montrer.
Je savais pertinemment comme chacun que la beauté de ces choses existe, je l'avais déjà vu des millions de fois, mais ne leur accordant comme la plupart des gens, qu'un caractère exceptionnel, je pensais que cette beauté n'existait que lorsqu'elle daignait se montrer, je pensais que la beauté du monde décidait d'elle seule d'exister ou non, je me trompais. elle n'existe qu'au travers de nos yeux c'est donc a nous de les ouvrir suffisamment pour la voir.
J'ai compris aussi qu'il fallait porter sur le monde un regard sans haine ni mépris, qu'il fallait accepter toute chose comme elles sont, sans y apporter un jugement trop prompt, qu'en chaque chose il y a du bon et du mauvais. Il ne faut jamais se précipiter sur un jugement et ne jamais y omettre le bon et le mauvais cote. qu'il ne faut se laisser alourdir par le monde qui nous entoure, les obligations , les devoirs, ne pas laisser les influences nous immerger, décider par soi même ce qui est bon ou mauvais pour soi, car ça ne l'est pas nécessairement pour quelqu'un d'autre.
Je me suis construis les premières lignes de ma propre religion, il ne s'agit pas d'une loi, ni d'une ligne de conduite, ni d'un devoir ou d'une obligation, j'ai juste repéré, j'ai visionné l'architecture de mon être , cette religion n'a pas de limites, pas même celles que je voudrais m'imposer j'ai vu ce que j'étais profondément en moi, j'ai vu qui j'étais, il ne s'agit rien de plus que de respect envers moi même pour mieux me sublimer, non pas dans le sens esthétique du terme, je parle ici plutôt de ce qu'on appellerais âme. Mon résidu, ce qui coule en moi envers ,contre, pour et avec tout.
Il ne s'agit pas d'une pleine découverte mais d'une réalisation, ainsi comme il y a une différence entre entendre et écouter, j'ai enfin écouté ce que j'ai entendu. j'ai compris, les liens, les traits qui relis les étoiles et je redessine aujourd'hui les constellations.
Ce qui rend cette exaltation d'autant plus puissante, c'est aussi l'amour.
L'amour est indissociable de cette état. il en constitue sa plus puissante conséquence.
Lorsqu'on crève de bonheur on ne peux qu'aimer. Car la dose de joie et d'extase que l'on a en soi ne peut alors plus être contenue, ainsi que la douleur extrême il nous faut l'exprimer par n'importe quel moyen possible, il nous faut la sortir de soi, la partager, la crier.Tout extrême ne peut être gardé en soi, le corps et l'esprit qui ne sont pas habitué a ressentir de telles émotions ont besoin de lâcher du lest , c'est bien lourd, bien trop beau ou bien trop laid pour être contenu, c'est l'overdose, tout en soi ressent alors la nécessité d'en rejeter hors soi. L'amour constitue a la fois la conséquence majeure de l’état de sublimation mais aussi l'apogée. Il la pousse a l’extrême.
L'amour du monde, l'amour de la beauté des choses et l'amour des gens qui nous entoure lorsque des gens en qui l'on porte foi partage avec nous ce moment d'extase. Le bonheur de ne pas être seul sur terre a ressentir la puissance des choses, ainsi que l'on se sent soulagé de ne pas être seul a mourir de douleur pour une chose semblable, ce lien rapproche les êtres et les fusionne.il n'y a pas forcement besoin de poser de mots la dessus, des âmes se sont étreintes. Des âmes se sont vues.
Percevoir la beauté des choses ensemble créer un lien plus puissant que toute expérience au monde. Sans poser de mots, sans même en parler, je sais que deux personnes se sentent liées par quelque chose quand bien même le souvenir semble être effacé, c'est un lien qui peut devenir invisible mais pas inexistant. l'instant ou des âmes se rencontrent elles créent un lien , une connexion, elles se soudent quelque part en soi, le souvenir physique, la mémoire de ce moment peut bien se cacher dans quelque recoin de notre esprit, la connexion n'en ai pas fragilisée elle est la quelque part solide a l'abris de la mémoire et des faits superficiels, intouchable. Ce qui peut rendre inexplicable parfois l'attachement que l'on porte a quelqu'un ou quelque chose, quand en y réfléchissant rien ne semble le justifier.
(je pense que ce lien peut aussi marcher dans l'autre sens alors, sans en avoir fait l’expérience, si deux âmes, si deux résidus d'être peuvent se nouer ainsi je suppose qu'elles peuvent aussi nouer un lien d'une autre sorte, de haine ou de peur. A réfléchir.)