Citation

" La réalité c'est ce qui continue d'exister lorsque l'on cesse d'y croire"



Philip.K Dick







lundi 10 janvier 2011

La Haine


J'avais oublié qu'on pouvait ressentir ça, j'avais aussi oublié que ça pouvait s'oublier. Je réapprends à haïr proportionnellement à l'amour que j'ai pu porté. Ça n'a jamais marché autrement, il en a toujours été ainsi. Le genre de haine qui gonfle les poumons, et les bloque quand ils sont en voie d'explosion. La haine démesurée. Le besoin d'étrangler sans broncher. L'imbécile qui avait décrété que l'ignorance est la pire des insultes n'a sans doute jamais ignoré. En ce cas il aurait compris que quand la haine est telle que la mienne, entre l'ignoré et l'ignorant, c'est le second qui serre les poings le plus fort. La haine ne devrait jamais être contenue, c'est malsain, c'est du masochisme. Le pire reste la certitude que même une fois tué, je n'aurais jamais cessé de le haïr, cela n'aurait rien soulagé. L'intarissable haine, celle qui se nourrit d'elle même. L'insensée, la démesurée. Celle qui dévore , qui, à défaut de se contenter de la rancoeur  justement attribuée, se nourrit, s'empiffre de tout en soi jusqu'à ce que son obésité éclate notre esprit, écrase nos côtes et nos poumons, nous étouffe à en crever. Se taire c'est nourrir sa haine, des mets les plus gras. J'offre donc un putain de Mac Donald à ma haine! Je sens sa graisse se frayer un passage dans mes bras, bousculant mes veines, je sens son ventre énorme gonflant dans ma tête. Crevez la! Crevez la! Comme un abcèss!

Je taillerais son souffle avec des ciseaux rouillés pour le faire crier.Il paiera, il saignera. Il crachera son arrogance par ses pores, et n'aura plus aucun sourire à arborer sur son visage que je bousillerais à coups dans l'os pour les fracasser. Ils se fendront un par un comme du bois dont les échardes glisseront dans sa gorge en se heurtant aux parois. Je veux qu'il vomisse sa vie. Que le pus de son corps suinte par sa peau et qu'il la creuse comme de l'acide, qu'il ronge à sang ses doigts, sa bouche, ses mains. Qu'il crie, qu'il crie! Je veux voir son corps se contorsionner à terre ,défragmenté, démembré. Je veux voir ses traits se plier et sa peau se refermer sur ses yeux plissés de douleur, je veux voir sa bouche déformée par ses cris.Surmonter l'insurmontable, supporter l'insupportable avec la même facilité qu'il avait pour l'infliger. Je veux que ses cris se taisent , qu'il n'émette plus aucun son, qu'il reste le visage figé sur les objets , qu'il voit sans regarder. Quand son souffle devient lame dans ses poumons,Inutile carcasse invertébrée flanquée sur un bas côté, corps déchu d'une âme sans remords.Je veux l'étrangler, je veux sentir mes doigts creuser sa peau, appuyer, s'enfoncer, s'écraser, je veux qu'il se débatte inutilement, que ses hurlements soient muets, que son abjecte répugnance lui arque le dos, que le remord le ronge comme un vers sous la peau. Il m'écoeure, qu'il s'écoeure à s'en perforer l'organe.

Il peut être vous, Il peut être moi, Il peut être tous, Il peut être certain.