Citation

" La réalité c'est ce qui continue d'exister lorsque l'on cesse d'y croire"



Philip.K Dick







lundi 28 février 2011

Erato Humana Est


Dans le bus des gens parlent, d'autres pas, certains s'observent , d'autres n'observent rien, le regard vidé comme si leurs yeux étaient rassasiés et n'avaient plus rien à dévorer.Oeil Mort.
Le sol est sec comme l'air est froid, seule une chaleur transpirée nous est accordée, odeur âcre qui s'accorde à mon haleine de cigarettes enchaînée. Bouche de Morte. Lèvres scellées.
A la fenêtre ,tout est gris ,sale, pointu, anguleux, balancée par les secousses j'aperçois le premier cerisier en fleur. Haut le coeur.

Aujourd'hui la beauté ne m'est pas concevable,elle est insupportable, alors je regardes défiler le trottoir je trouve ça reposant.Je me suis attaché les cheveux pour mettre en valeur mes oreilles bouchées par mes écouteurs question d'écarter d'éventuels bavardeurs toujours prompts a me briser un rêve éveillé ou le fil d'une réflexionn. Un abruti entreprend carrément de m'en retirer un pour me faire savoir que l'on s'est déjà rencontré. Je lui répond "d'accord" sans plus de sympathie qu'un au revoir de politesse a la caisse d'un supermarché et renfonce mon outils de voyage mental au plus vite pour ne pas perdre le sujet de ma rêverie. Le con insiste et me le retire une seconde fois. Un téméraire celui là, pour ne pas dire un sacré chieur. Je lui apprends donc qu'en général quand quelqu'un vous répond sèchement comme je l'avais fait c'est que cette personne n'a absolument pas envie de communiquer. Il me rétorque qu'en général quand quelqu'un retire les écouteurs des oreilles d'un personne c'est justement parce qu'il a absolument envie de communiquer. Le bus freine, je lui fait un croche pied, il se vautre magnifiquement. je ne prend pas la peine de le relever ou même de m'assurer qu'il ne soit pas blessé,je sors en riant toute seule, la journée est belle, la journée est belle.

lundi 21 février 2011

Vide


 Je ne sais pas écrire sur le bonheur.

Jouissez bien fort
Foutrement vôtre.
 Moi

jeudi 3 février 2011

La pomme

C'est l'hiver de mes 17 ans que j'ai croqué la pomme du jardin d'eden, comme ces deux cons d'adam et eve qui prirent conscience de leur nudité je pris conscience du veritable monde dans lequel je baignais, je realisais que les gens riaient de moi et non pas avec moi, que j'avais toujours été manipulée par mes meilleures amies,considérée comme un bon larbin fidèle qui ne déçoit pas, un gentil clebard,qu'en fait de passer pour le clown de la classe, je passais pour la conne de service,que le monde ne se resumait pas à ma maison de famille ,aux chevaux dans les champs, aux rayons de soleil, a la cuisine de maman , à ma chambre, ma musique et mes bouquins.

 Je pris conscience de l'envers du décor,des conversasions autour de moi, de l'existence des soirées, des drogues, de l'abus d'alcool ,du sexe, de la trahison de l'hypocrisie ,du sens des chansons que j'écoutais, j'ai fini par arrêter d'écouter britney spears et les autres merdes creuses de la radio, je me mis à écouter des musiques violentes, pleines de hurlements ,de voix grinçantes prêtes à se briser.

 je réalisais qu'il y avait une vie en dehors des cours du lycée, je commencais à comprendre le mot solitude et le mot vide, le mot chute, le mot douleur, le mot intêret,et puis surtout, je realisais que mes desirs étaient ceux de ma mère ,par procuration, je réalisais que je ne vivais pas dans le merveilleux pays des petits poneys magiques, que je n'étais pas un power rangers, que tout était une histoire de rentabilité, un prété pour un rendu, j'ai realisé que tout se payait.

 Mais par dessus tout je m'aperçus que les choix que j'avais fait n'avaient pas vraiment été les miens, trop baignée, scotchée , agrippée, surprotégée , aveuglée , dans l'ombre de ma mère , mon monde se résumait alors au sien , Je n'avais pas de propre vie, de propres envies, tout était décalqué sur un modèle, sûr, fiable, admirable, ma mère m'apparaissait alors comme un modèle de passion, ou tout était realisable ou il suffisait de le vouloir pour prendre le bateau le soir et partir en angleterre 2 jours. Je ne connaissais rien d'autre que son monde, alors le reste ne me manquait pas.

 Ce soir là dans cette voiture, le vase a débordé, les barrières ont cédés, l'immeuble s'est écroulé sur lui même, la base même de l'admiration que je portais à ma mère s'est désagrégée. Comme un aveugle qui revoit le jour, le flash m'a brûlé les yeux, j'ai découvert le bien être profond de l'ivresse et de la défonçe, qui me faisait visiter le reste du monde, celui que je ne connaissais pas, avec douceur et legereté.

 Puis le mensonge vint adoucir encore un peu plus la brutalité du vide que j'avais en moi, rien n'avait été moi, tout avait été elle, je n'avais rien à moi, aucun désir personnel, aucune passion, aucun projet, tout ce qui avait pu avoir été bien à moi n'avait jamais tenu, rejeté par des certitudes qui là encore n'avaient jamais été les miennes.Je créais mon propre monde, le mien, le modelais, me créais un vécu, une vie que je n'avais pas pour combler ces années creuses où rien ne m'avait appartenu.Je rejetais systematiquement avec violence tout point commun avec elle, tout ce qui qualifiait le "nous", cette fusion passée, ne devait plus exister. Une rupture amoureuse presque.je quittais la maison.

 Blonde bouclée, habillée d'un simple jean et d'un t shirt, je teignais mes cheveux en noir, les lissais, me coupait une frange me barrant le visage comme un masque, m'habillais des motifs les plus nauséeux mariant le plus de couleurs possibles, des combinaisons incongrues des shorts pijama rouge sur un collant jaune , un t shirt a pois, collier playmobil, j'explosais de folie, de joie de vivre, de bonne humeur, entretenant en parallèle une enclume de mensonges accomplissant le rôle d'un contre poids.

 Voilà donc où commença mon équilibre de déséquilibrée, un excés pour en parer un autre. Ma joie de vivre excessive, mon excitation, ma suprenante allegresse était à la hauteur de la crasse que j'avais au fond des tripes, je mentais sans même m'en rendre compte, inventais des histoires ahurissantes fendant le coeur de tous, recoltant leur compassion et leur amitié pour des choses qui n'avaient pas d'existence, ou presque. 

N'ayant pas de mots  a poser sur cette merde suintante que j'avais au fond de moi et qui me poussait dans le trefond du chaos comme une ancre trop lourde, je tâchais en mentant de trouver une histoire d'ou sortirait la même emotion, la même sensation d'étranglement,de solitude,de vide, le même sentiment de panique, d'alarme, j'essayais de retranscrire à tout prix cette masse compacte d'extrême mal être sans nom.

 Je suis devenue Mythomane, pendant pres de 2 ans j'ai inventé une vie que tous ont avalés sans exception, sans remettre en cause ma parole ou tout du moins sans rien me dire. Tout était inventé sur le moment, rien n'était calculé, une sensation de mal être se traduisait par une fausse anecdote, le tout prenant des proportions disproportionnées. 

N'ayant jamais été remise en cause, inconsciente de la démesure de mes actes, je finissais par y croire moi même, je pris l'habitude de retranscrire mes déprimes par des histoires, toutes avaient une continuité, je n'avais pas de nom à donner à l'amas de viscères suintantes que j'avais dans le cerveau, je ne le comprenais  pas, je ne savais pas ce que c'était, ces histoires que j'inventais, dans toutes leurs horreurs étaient rassurantes pour moi, puisque enfin j'avais une image, quelque chose de concret contre lequel me battre. On ne se bat pas contre du vide, mon mensonge , c'était un peu la flamme sur une feuille de papier qui révèle l'encre au jus de citron .

 Alors je ne m'arrêtais pas. Si bien que ce mensonge devint ma vie, je perdis la notion de différence entre le faux et le vrai, mon imagination débordante confondait fiction et réalité, il en avait toujours été plus ou moins ainsi depuis petite, j'avais développé un moyen de fuir , je trompais déjà mon entourage, mon cerveau avait déjà cette capacité , cette obstination à fuir la réalité coûte que coûte. Je n'ai jamais eu les pieds sur terre.

Je n'ai jamais eu besoin d'être complètement défonçée pour parvenir à voir un monde fantastique dans les nuages, rempli de créatures mtyhologiques inexistantes, extraordinaires, des lions à plumes vertes, des hommes aux griffes acérées, des éléphants vaporeux, des dragons gigantesques et fumants, des oiseaux dont le vent envole les formes, des nuages étirés comme si le peintre avait décidé de tout essuyer avant que la peinture ne sèche. Beaudelaire avait besoin de se droguer pour voir ses amis se transformer , se metamorphoser en creatures diverses. Je n'en avais jamais eu besoin.A cette époque, l'alcool, les drogues ne me servaient pas à décupler mes emotions, à les faire ressortir, j'y cherchais le soulagement, je voyais alors les choses avec douceur, je floutais les impacts.

La vie elle même m'a toujours suffit pour avoir envie de la fuir par tous les moyens.Je le fais facilement. Mon esprit est façonné pour divaguer.Si je ne suis jamais satisfaite c'est sans doute que mes rêves sont trop grands pour la réalité. Dommage. Je vivrais donc d'eternelle insatisfaction.